Interview de Robert-Jan van Santen, directeur général et fondateur Jérôme Damiens, directeur adjoint de VS-A - Magazine Vertical

Interview de Robert-Jan van Santen, directeur général et fondateur  Jérôme Damiens, directeur adjoint de VS-A - Magazine Vertical
2021-12-06

Interview de Robert-Jan van Santen, directeur général et fondateur et Jérôme Damiens, directeur adjoint - Magazine Vertical

Un pied en Europe, un autre en Asie, Robert-Jan van Santen accompagne depuis plus de trente ans les architectes et les maîtres d’ouvrage sur des projets toujours formidablement ambitieux et stimulants, quelle que soit leur taille. Signe des temps, le fondateur de VS-A et son directeur adjoint, Jérôme Damiens, nous ont reçu en visio-interview pour une longue conversation. Aperçus.

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Vertical Magazine : Faites-vous le même métier à Hong-Kong, Séoul, Shenzhen et en France?

Robert-Jan van Santen : L’implantation de VS-A en Asie s’est faite au gré de rencontres fortuites, comme souvent, avec des personnes sensibles à notre approche. En Asie comme en France, nous nous efforçons de développer des réponses techniques qui accompagnent une démarche architecturale unique, bien sûr, mais qui s’inscrivent aussi dans l’environnement culturel, économique et climatique du lieu.

Notre métier d’ingénierie s’est adapté aux défis rencontrés. Dans les années 90 il n’y a pas encore le DTU pour les murs rideaux. Il s’agissait principalement de démontrer la constructibilité des façades légères. On a ensuite demandé aux façades de limiter les déperditions thermiques, puis de limiter les apports solaires… Ce sont des demandes récurrentes qu’on rencontre très souvent. Aujourd’hui, l’un des enjeux majeurs concerne la réduction de l’empreinte carbone du bâtiment au travers de ses composants et de leur usage. Je trouve stimulant de pouvoir appréhender un objectif aussi globalisant, qui touche de nombreux aspects de la construction. Et qui est théoriquement universel.

Quelle est votre expérience de l’approche chinoise de la construction durable ?

Jérôme Damiens : Les projets les plus médiatisés en Chine ne sont souvent ni les plus performants ni les plus représentatifs, alors qu’il existe de nombreuses réalisations bien plus innovantes et exemplaires en matière de bâtiments durables.

R.-J. v. S. : C’est aussi le cas en Europe… (rires)

D. : Il existe aussi plusieurs centres de recherche universitaires, qui font un travail vraiment intéressant sur ces questions et assurent un lien avec les décideurs et divers acteurs de la construction. Dans le cadre de mon mémoire de master à l’université de Tsinghua (Pékin), j’ai pu étudier en détail un bâtiment tout à fait innovant : le siège du Shenzhen Institute of Building Research, qui expérimente in-situ de multiples technologies de bâtiment vert – avec pour résultat, par exemple, de diviser par deux la période annuelle de recours à la climatisation.

En Chine, le bâtiment et la ville durables font l’objet d’une réflexion très riche et d’une approche scientifique globale, là où en Europe prime une approche avant tout technologique. C’est flagrant notamment sur la question de l’impact du comportement humain sur les performances des bâtiments, une étude qui a été largement évacuée en France.

VS-A se caractérise notamment par un département R&D très actif. Pourquoi l’avoir appelé VS-A Design, qu’est-ce qui distingue votre démarche dans ce domaine ?

R.-J. v. S. : Nous parlions tout à l’heure des défis qui se posent à la construction ; alors que VS-A recherche des solutions appliquées sur des projets uniques, VS-A Design est dans l’anticipation. Nous souhaitions dépasser le cadre des projets isolés, nous déconnecter de leurs contraintes et revenir sur les réflexions et idées laissées de côté. Parfois c’est simplement développer des thèmes dont on imagine qu’ils nous seront soumis un jour ou l’autre.

Les fournisseurs innovent en améliorant sans cesse les performances des produits existants. Cet exercice comporte des limites ; pour aller au-delà, il faut peut-être contourner le problème, ou le prendre par un autre bout. Ceci est une approche de designer. Cela a naturellement donné VS-A Design. Il faut souvent autant de temps pour développer les façades d’un seul projet que pour développer un produit pouvant être utilisé sur des centaines ou des milliers de projets. En focalisant notre Recherche & Développement sur des propositions répondant à des problèmes clairement identifiés, nous savons que nous serons toujours sur un bon chemin.

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Pouvez-vous nous citer quelques projets de R&D emblématiques ?

R.-J. v. S. : S’agissant des produits, j’aime bien évoquer le Ublo, un ouvrant de ventilation personnalisable inscrit dans un vitrage et non dans une menuiserie périphérique. Non seulement nous l’avons développé, mais nous avons aussi créé une société qui le fabrique et le commercialise. Ce processus nous a depuis amené à développer l’UFO (Uf=0W/m².K), un principe de mise en œuvre économique de vitrages, sans menuiserie apparente, en présence d’une ITE.

Autre illustration de notre approche de l’innovation par le design : le «  », un mur rideau monobloc atypique développé depuis 2017 et aujourd’hui au stade du prototype. Répondre à la demande récurrente des maîtres d’ouvrages de faire des économies est un exercice de déshabillage parfois douloureux et qui trouve rapidement ses limites. Nous avons cherché à trouver cette limite pour les façades entièrement vitrées. Pour cela, nous avons pris le problème à l’envers : concevoir la façade vitrée la plus économique possible et proposer de l’équiper d’options permettant de répondre aux niveaux de performances demandés sans aucun préjugé architectural. Le résultat est assez contre-intuitif !

Ces développements optimisent au mieux les matériaux de construction. En plus des gains financiers, ils montrent qu’utiliser au mieux chaque millimètre d’épaisseur de verre, chaque gramme d’aluminium, permet de parvenir à des bâtiments vraiment « légers »… La façade dite légère pèse parfois encore près de 100 kg/m² ; aujourd’hui, sur les projets où nous optimisons la matière, nous parvenons à des valeurs beaucoup plus faibles.

D. :  Longtemps, la façade a été considérée comme ce qui permet de protéger l’intérieur de l’extérieur. Or on expérimente aujourd’hui, en Asie mais pas seulement, des zones intermédiaires dans lesquelles on vit. La façade n’est plus seulement une surface de séparation ; elle devient un espace dans lequel on habite

R.- J. v. S.: Notre métier est en pleine mutation et rien ne sera jamais pareil qu’avant. Cela pose accessoirement la question de l’avenir des opérations pas si anciennes et qui se retrouvent obsolètes bien avant l’heure. Pour elles, nous avons créé le pôle R+ qui réfléchit et agit pour leur redonner une nouvelle jeunesse. Ainsi nous embrassons aujourd’hui un vaste éventail de domaines d’interventions que l’on ne soupçonnait pas il y a encore 10 ans. Cela nous concerne nous, bureaux d’études façade, mais évidemment aussi l’ensemble des acteurs de la construction. Mais veillons aussi à ce que les décideurs et les entreprises arrivent à nous suivre… Toute cette évolution ne se fera que s’il y a une motivation et des intérêts partagés par tous. 

Photos : ©Vs-A , Lorem ipsum

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