Interview de Jacques Grossin - Magazine Vertical
2021-04-01

Interview de Jacques Grossin - Magazine Vertical

Sept implantations majeures et plus de 200 collaborateurs dans le Centre-Ouest : c’est le maillage serré à travers lequel Egis répond aux enjeux posés aux acteurs de la fabrique de la ville et de l’acte de construire. Rencontre avec son directeur, Jacques Grossin.

 

 

On ne présente plus un groupe comme EGIS. Quelles sont les spécificités d’EGIS Bâtiments Centre-Ouest ?

Jacques Grossin : Notre territoire géographique est particulièrement étendu, d’où le choix d’un maillage serré pour déployer au plus près de nos clients les expertises, dans nos neuf métiers, de nos quelques 230 collaborateurs. Nous déployons sept implantations majeures, à Nantes, Rennes, Tours, Caen, Rouen, Orléans et Angers, puis des bureaux dans des villes moyennes. Cette organisation s’appuie sur un travail transversal et une communication très opérante entre agences.

Ceci nous permet de répondre sur des marchés et à des problématiques par ailleurs assez semblables à ceux que traite EGIS sur l’ensemble de l’Hexagone, et révélateurs de préoccupations actuelles, communes aux maîtres d’ouvrages publics et privés : bilan carbone, mobilités, villes connectées...

Nous intervenons ainsi sur des opérations d’envergure emblématiques. Par exemple l’écoquartier Flaubert, à Rouen, un sujet d’infrastructure majeur sur une ancienne friche industrielle de 90 ha ; toujours à Rouen, l’opération Cœur de ville pour la revitalisation du centre-ville au service du piéton et des commerces sans exclure la voiture. Je citerais aussi des projets associant nos expertises en matière d’aménagement, d’infrastructure et de bâtiment, comme le projet Caen Presqu’île de reconquête urbaine sur la base du plan guide élaboré par l’agence MVRDV autour de la bibliothèque livrée par OMA. Sur les sujets de mobilité, ce sont notamment le téléphérique de Brest, le tramway de Caen, l’e-bus de Nantes, qui préfigure ce que sera la mobilité demain dans de nombreuses villes en France…

 

Observez-vous une montée en puissance de la préoccupation de construction durable ?

Jacques Grossin : C’est encore très variable selon les maîtres d’ouvrage, en fonction de leurs contraintes et de leur sensibilité. Par exemple, la Région Pays de la Loire a toujours été précurseur dans cette dynamique, avec une volonté affirmée de bâtiments innovants et respectueux de l’environnement.

La maîtrise d’ouvrage publique a la volonté d’investir dans des filières, comme pour la construction à Rennes de l’école Rochester en bois et   terre crue (Tank Architectes), ou le groupe scolaire de Nétreville (Evreux) en ossature bois avec isolant paille (agence DCL). La promotion privée est plus contrainte par les réalités de coût de commercialisation. Ainsi, construire en bois peut présenter un surcoût du fait de la technicité exigée, d’une concurrence plus limitée et d’une réglementation en train de se chercher, malgré toutes les vertus reconnues de ce mode constructif, du chantier jusqu’à l’usage du bâtiment.

Néanmoins notre expertise et notre réseau de partenaires nous permettent d’atteindre ces coûts d’objectifs avec des matériaux bas carbone. Récemment, nous avons gagné un concours avec un promoteur rennais pour construire un immeuble de bureau à la Courouze avec une structure bois. Ce travail sera valorisé par un label WELL portant sur le bien-être au travail, preuve d’un projet très cohérent techniquement, économiquement et d’une belle réussite collective !

 

Justement, comment accompagnez-vous les projets dans leur réponse aux enjeux des bâtiments et des villes intelligentes et durables ?

Jacques Grossin : Depuis dix ans déjà, EGIS Bâtiments Centre-Ouest est la seule entité du groupe à décliner en région l’expertise de la filiale Elioth, une structure pluridisciplinaire composée d’ingénieurs, d’architectes, de spécialistes de la data, de designers et autres experts en innovation bas carbone. En lien avec la quarantaine de collaborateurs basés   à Paris, notre propre équipe travaille en amont avec les maîtres d’ouvrages pour valoriser leur offre durable et responsable puis la décliner au fil des différentes étapes de la conception.

Dans le cadre de l’expérimentation E+C-, nous avons aussi développé en région des outils spécifiques permettant de réaliser des calculs pour des simulations fiables le plus en amont possible des projets et au plus près du bilan – notamment carbone – attendu par le client. Nous avons créé une base de données grâce à laquelle nous sommes en capacité de faire du prédictif en phase concours.

Et bien-sûr, notre équipe maîtrise tous les labels susceptibles d’aider nos clients à valoriser leur engagement : R2S, OsmoZ, HQE, PassivHaus, WELL, etc.

 

Vous avez aussi contribué à des réhabilitations emblématiques…

Jacques Grossin : De la même manière qu’il faut désormais penser adaptabilité et transformabilité des bâtiments, la réhabilitation est le sujet non seulement de demain mais d’ores et déjà un enjeu d’une brûlante actualité qui nous conduit à faire évoluer notre propre façon de concevoir notre métier. EGIS Ouest a développé une compétence prédictive et s’engage, outre sur la conception, sur les performances énergétiques et le confort des usagers.

Ainsi par exemple sur le lycée de Brequigny, à Rennes (signé en 1958 par Louis Arretche, réhabilitation par Anthracite Architecture 2.0) : nous avons développé un outil de suivi innovant dont le retour d’expérience va venir enrichir notre expertise d’une manière originale car les lycéens et des sociologues sont impliqués dans les objectifs à atteindre.

 

EGIS est partenaire depuis un an de Cycle Up, acteur du réemploi de matériaux de construction. Comment cette idée rencontre-t-elle son marché ?

Jacques Grossin : Cycle Up et, de manière générale, le réemploi de matériau vont nous permettre d’améliorer les bilans carbone de nos bâtiments. Comme toujours quand quelque chose est nouveau, il faut commencer par des petites touches. On sent de légères réticences, mais je suis persuadé que le réemploi va prendre de l’ampleur assez rapidement.

Prenons l’exemple de la Maison de l’innovation à Nantes, réalisée pour Poste Immo. Il s’agit d’un bâtiment connecté avec empreinte carbone minimale. L’un des moyens pour baisser le bilan carbone était d’agir sur les faux planchers, qui ont des fiches FDES défavorables. Nous avons misé sur la récupération de faux planchers issus de la démolition via la plateforme Cycle Up, soit près de 9 000 m2. Poste Immo et les architectes de l’agence Baumschlager-Eberle ont été très moteurs ; il est intéressant de voir comment l’architecte prend au mot, rebondit sur cette contrainte et la traduit en un atout.

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