La paysagiste et le directeur général de la Samoa ont répondu à nos interrogations sur le projet urbain de l’île de Nantes
Depuis vingt ans, le projet urbain de l’île de Nantes incarne sur 337 hectares un mode singulier de fabriquer la ville. Orchestré par l’aménageur la Samoa, il se conforte et se renouvelle avec l’équipe de conception urbaine menée depuis 2017 par Jacqueline Osty et Claire Schorter.
Jacqueline Osty, paysagiste, mandataire de l’équipe de conception urbaine 2017-2024 et Jean-Luc Charles, Directeur Général de la Samoa ont répondu à nos interrogations sur le projet.
UNE QUESTION A JACQUELINE OSTY
L’une des caractéristiques fortes du projet urbain de l’île de Nantes est la création/requalification d’espaces publics sur 150 ha. Quelle a été l’approche de l’équipe sur ce sujet ?
Jacqueline Osty : Alexandre Chemetoff a qualifié le vide pour relier les pleins existants dans les quartiers datant des années 1970 et est intervenu en acupuncture urbaine dans les faubourgs. À sa suite, l’équipe de Marcel Smet et Anne-Mie Depuydt a apporté sa dimension métropolitaine au projet, avec l’implantation du CHU et la définition des grands principes de mobilité. La question qui nous était posée portait sur l’île dans son ensemble bien-sûr et sur les quelques 80 hectares très peu denses au sud-ouest, avec une commande d’un peu moins d’1 million de m2, dont les 275 000 m2 du CHU, positionné au sud d’un grand parc lui-même au centre de l’île. La demande était que le paysagiste soit le mandataire : nous nous en sommes saisies pour renverser la perspective en réouvrant l’île sur ses extérieurs et la Loire, et en appliquant la spécificité paysagère qu’offre le fleuve au traitement des parcs et des cheminements.
Nous avons ainsi développé un système de parcs qui s’infiltrent dans le tissu urbain en allant beaucoup plus loin que simplement paysager les infrastructures. Le tout dans la logique d’une ville marchable fonctionnant sur les mobilités douces et qui favorise les mixités et les échanges. Nous avons ainsi travaillé sur les différentes échelles : les parcs, les promenades, les rues de quartier, les rues intérieures…
UNE QUESTION A JEAN-LUC CHARLES
Vous revendiquez de travailler avec le marché hors des sentiers battus. Comment est-ce reçu par la promotion ?
Jean-Luc Charles : L ’île de Nantes est un marché très actif où sont présents plus d’une centaine de promoteurs. En tant que vitrine, elle reçoit pour chaque consultation plusieurs dizaines de réponses de professionnels souvent inscrits dans une approche innovante et prêts à expérimenter. Ce faisant, nous positionnons aussi les opérations sur une échelle qui convient au marché, soit entre 4 000 et 10 000 m2.
C’est certes très chronophage pour la Samoa et ses équipes (rires), mais c’est le prix de la qualité. Et nous avons la capacité à mener cette qualité parce que nous sommes très fortement soutenus par la métropole