Bâtiment circulaire : la valeur montante – Magazine Vertical
2020-11-19

Bâtiment circulaire : la valeur montante 

« Faites de l’argent, pas des déchets ! » En bonne place sur le site web d’Upcyclea, l’accroche met les rieurs de son côté en allant droit au but : rassurer les acteurs à tous les maillons de la chaîne. Autrement dit, l’économie circulaire, en particulier dans le bâtiment, non seulement est compatible avec la croissance, mais en est aussi un vecteur. De quelle croissance parle-t-on ? Une croissance durable dans les deux sens du terme, qui génère du profit en économisant, voire régénérant, les ressources naturelles, en minimisant, voire supprimant, les déchets, et en limitant les émissions de CO2 à la seule transformation des matériaux et produits.

Vous avez dit « upcycler » ?

C’est bien le sens du verbe « upcycler » : plus que recycler, valoriser le matériau ou le produit, le récupérer pour le transformer en un produit ou un matériau de qualité, et donc de valeur supérieures. En 2016, quinze ans après la parution aux États-Unis de Cradle to Cradle. Créer et recycler à l’infini, le deuxième opus de William McDonough et Mickael Braungart a fixé un nouvel horizon à l’économie circulaire : L’upcycle. Au-delà de la durabilité, concevoir pour l’abondance*. Upcyclea est issu de cette lignée.
2007 : deux cadres du groupe Bouygues, branche télécoms, Christine Guinebretière, à l’initiative de la première boucle de réparation des mobiles usagés, et Éric Allodi, directeur des risques réseaux, fondent Integral Vision pour en faire la première entreprise française à déployer le C2C. Dans le bâtiment, l’enjeu est crucial : le secteur est le deuxième responsable des émissions de CO2 (25%) et produit 70% des déchets, majoritairement très dégradés et inexploitables, alors même qu’un immeuble, sur sa durée de vie moyenne, voit remplacés plus des deux tiers de ses constituants, parfois plusieurs fois.
2016 : alors qu’il intervient comme AMO sur le futur siège social de Vinci à la Défense (Viguier Architectes mandataire, Marc Mimram architecte associé), le duo invente pour ce projet ambitieux de 74 000 m2 un logiciel inédit de gestion circulaire des ressources. En évaluant leur « circularité », cet outil leur attribue une fiche d’identité, un « passeport circulaire » ; il permet d’éco-concevoir le bâtiment et, en phase exploitation, de gérer, réemployer ou upcycler ces constituants. La start-up Upcyclea est née et son produit phare, Myupcyclea, remporte coup sur coup la palme de la Greentech verte 2016, puis celle du programme Investissements d’avenir de la Bpi.

 

Alliance Bâtiment Circulaire

 

Quatre ans plus tard, Upcyclea rassemble les trois expertises : la certification C2C, l’accompagnement comme AMO en gestion éco-circulaire de projets et de ressources, et le déploiement de myUpcyclea, la méthodologie et l’outil qui, en quelque sorte, les fédèrent. À son actif : un éventail grandissant de clients – engagés pour partie dans l’Alliance Bâtiments Circulaires fondée par Upcyclea – et près de 400 000 m2 de bâtiments banques de matériaux, en construction ou livrés à leurs propriétaires. « Avec leurs services généraux ou leurs facility manager, ils peuvent gérer la performance de l’immeuble du point de vue des matériaux et récupérer ainsi la valeur de leurs produits », souligne Christine Guinebretière.
Car, si l’une des innovations majeures de myUpcyclea est la librairie digitale de matériaux, que leur passeport circulaire note selon des critères stricts et des normes universelles, une autre est l’un de ses quatre indicateurs de qualité du bâtiment. En effet, outre le taux de recyclabilité, l’empreinte carbone et le degré de non-toxicité, MyUpcyclea calcule la valeur financière des produits et matériaux en fin d’usage. En estimant cette « valeur résiduelle », il ouvre la voie à l’estimation du retour sur investissement sonnant et trébuchant d’un bâtiment en fonction de sa « signature circulaire ».
Ainsi, la valeur ajoutée sur trente ans d’un immeuble construit selon le principe de la banque de matériaux atteint entre 1 et 15% du coût de construction-matière initial. En clair, « en fonction du choix des matériaux, du mode constructif et de leur assemblage, le propriétaire exploitant peut récupérer jusqu’à 73€/m2 lors de la rénovation de son immeuble », explique Christine Guinebretière. Un argument clé pour intéresser et intégrer les investisseurs à cette boucle vertueuse. Et faire du bâtiment circulaire une vraie valeur montante.

*Tous deux parus aux éditions Alternatives.

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