Ces dernières années, sous diverses formulations, cette déclaration funeste a été le thème principal d’innombrables rapports sur l’état de l’architecture. Non sans raison.
De fait, la croissance rapide de la population urbaine soulève des questions urgentes sur la manière de trouver un équilibre entre la sauvegarde de l’environnement et le besoin de construire davantage de logements, de bureaux et d’infrastructures. Le secteur de la construction est d’ores et déjà responsable de 40 % des émissions mondiales de CO2, dont 28 % par ses activités opérationnelles et 11 % par les matériaux de construction.
La bonne nouvelle, c’est que l’architecture dite durable bénéficie d’un soutien commercial et politique sans précédent. Les entreprises de construction et d’architecture du monde entier font la transition vers un modèle qui intègre la réflexion sur la réduction des émissions de carbone à chaque aspect du processus de planification et de construction, du choix des matériaux et de la gestion des déchets à la mise en place de systèmes de chauffage, de climatisation et de plomberie écoénergétiques.
Pourtant, alors que les critères de référence pour une construction vraiment durable restent encore à établir, un autre aspect paradoxalement moins en vue est trop souvent négligé : l’impératif esthétique.
Si vous vous promenez dans n’importe quelle capitale européenne aujourd’hui, vous finirez par tomber sur une structure moderne incongrue, comme un immeuble de bureaux qui semble peu à sa place dans un quartier historique ou un complexe en béton en pleine banlieue. Le point commun de ces éléments : ils n’inspirent pas.
En effet, dans de nombreux bâtiments contemporains, le caractère fonctionnel a pris le pas sur l’esthétique. Nombreux sont ceux qui suggèrent aujourd’hui que l’avènement d’un urbanisme écoresponsable ne fera qu’amplifier l’approche technocratique de l’architecture.
Mais beauté et durabilité sont-elles vraiment incompatibles ?
La vision d’un bâtiment écoresponsable comme un cube fonctionnel dont la seule raison d’être serait de respecter les normes pourrait être non seulement réductrice, mais aussi court-termiste. La durabilité implique de tenir compte à la fois des exigences environnementales et du bien-être de la population ; il s’agit donc de construire des bâtiments susceptibles d’être admirés pendant des générations plutôt que d’être promptement démolis.
En même temps, nous en sommes parvenus à un point où la transition écologique a donné naissance à de nouvelles techniques de construction, ainsi qu’à des matériaux qui deviendront moins chers à mesure que leur utilisation se répandra, offrant de nouveaux outils aux architectes créatifs du monde entier.
N’oublions pas non plus que les grands artistes ont toujours dû s’inscrire dans les limites technologiques et culturelles de leur temps. Dès lors, plutôt que de considérer les termes « architecture verte esthétique » comme un oxymore, ne pourrions-nous pas faire de la beauté le complément naturel à la simplicité et à l’efficacité qui définissent notre époque ? Vu sous cet angle, la question environnementale n’est pas tant un problème qu’une opportunité pour la conception architecturale.
La relation entre substance et style est l’un des sujets abordés dans l’un des épisodes de WICONA Meets avec l’un des membres pionniers de l’avant-garde du design, Dieter Brell.
Cliquez ici pour regarder l'épisode.