Des objectifs contradictoires, des défis complexes... Ces quelques mots résument à eux seuls ce qui attend le secteur du bâtiment et de la construction s’il veut se réinventer durablement.
Voyez par vous-mêmes :
D’ici 2050, plus de deux tiers de la population mondiale devrait vivre en zone urbaine, soit quelque 7 milliards de personnes. De son côté, depuis 2021, le secteur de la construction est responsable de 39 % du total des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie.
Ajoutons à cela qu’il entend atteindre zéro émission nette d’ici 2050, et vous comprendrez mieux la contradiction des objectifs et, surtout, la complexité des défis.
La population mondiale ne cesse de croître et, avec elle, le besoin de logements. Entre 2015 et 2021, la surface habitable brute mondiale a augmenté de l’équivalent du total des surfaces construites en Allemagne, en France, en Italie et aux Pays-Bas. Transposées en un seul espace, celles-ci représentent un énorme plateau de 24 000 km2.
Au vu de ces chiffres, il peut sembler impossible de répondre aux besoins à la fois en matière de logement et d’environnement. Pourtant, de l’avis de nombreux experts, des innovations laissent présager d’une croissance du secteur sans mise en danger de la planète.
Une récente enquête intersectorielle menée à l’échelle internationale par la société informatique allemande SAP révèle que les secteurs de l’ingénierie et de la construction sont ceux qui ont le plus progressé sur la voie de la durabilité au cours de la phase de conception, 47 % des personnes interrogées ayant déclaré que la durabilité constituait une priorité absolue ou une préoccupation majeure.
En dix ans à peine, cette attention à l’environnement s’est traduite par d’innombrables et profonds changements en termes de conceptualisation et de conception des immeubles et infrastructures. C’est ainsi que l’on constate désormais, en tête de liste, un recours accru aux matériaux biodégradables, aux isolants écologiques, aux technologies d’économie d’eau, aux bâtiments autoalimentés et aux énergies renouvelables.
Mais la route est encore longue. Selon l’étude SAP, près de la moitié des 1000 personnes interrogées estiment que l’énorme complexité des processus entrave la réalisation des objectifs de durabilité. Assurer la durabilité de la chaîne d’approvisionnement implique une gestion complexe sur l’ensemble du cycle de vie, depuis la conception jusqu’au recrutement des bonnes personnes, en passant par l’approvisionnement en matériaux, fournitures et équipements adéquats. Et la complexité s’accentue encore lors des phases d’exploitation et de maintenance du projet fini.
Aujourd’hui, après un répit à porter au compte de la pandémie, la consommation d’énergie et les émissions de CO2 atteignent à nouveau des sommets, les projets de construction avançant plus vite que les démarches d’efficacité environnementale.
Mais revenons-en à la faisabilité de notre démarche écologique. Nous savons, grâce aux progrès réalisés ailleurs, par exemple en termes de technologies propres et d’énergies renouvelables, qu’il n’existe pas de solution miracle pour amener tout un secteur au point de bascule. En réalité, la durabilité du secteur de la construction dépend des parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur.
Il faut donc une démarche collective du privé et du public, alliant réglementation, investissement dans l’efficacité énergétique, accélération des inventions technologiques et véritable élan de créativité de la part des architectes et entrepreneurs qui conçoivent et construisent les villes de demain.
C’est l’un des sujets qui sera abordé lors du prochain épisode de nos RENCONTRES WICONA, à découvrir le 19 décembre. Notre équipe s’est rendue à Londres pour rencontrer Phil Sedge, responsable façades chez Mace Group. Dans le métier depuis la fin des années 1980, Phil se consacre depuis plus de trente ans à la conception de façades d’immeubles prestigieux dans la capitale anglaise et collabore avec les meilleurs entrepreneurs du secteur. Chez Mace, Phil est un moteur de l’innovation et des grands défis comme la productivité, la qualité et les initiatives carbone.
Nous avons créé les Rencontres WICONA pour discuter de ce que l’avenir de l’architecture nous réserve, mais aussi pour inspirer et susciter des débats sur les possibilités infinies de notre volonté de bâtir au-delà de demain. Aujourd’hui, les professionnels qui construisent nos villes doivent plus que jamais trouver des solutions nouvelles et créatives pour allier l’esthétique aux exigences de la préservation environnementale et d’une population urbaine en rapide expansion.
